Perles de culture
- ontologie briviste et métaphysique tulloise -
(en direct de la 31ème Foire du livre de Brive-la-Gaillarde)
 
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"L'écrivain ne naît qu'au travers du regard de l'éditeur (...) Tous les textes ne sont pas des livres. C'est l'éditeur qui fait la littérature."
Aurélie Filippetti, Ministre de la Culture et de la Communication, 28 juin 2012
 


Après la gauche caviar, après la droite bling-bling, en pleine saison ostréicole, place aux perles socialistes. Le 10 novembre 2012, la compagne du président de la République, Valérie Trierweiler, se rend à la Foire du livre de Brive-la-Gaillarde : une 31ème Foire du livre de Brive 
en prise avec l’actualité, le réel et l’ailleurs dixit la mairie de la ville, sous-préfecture de la Corrèze. L'ancienne critique littéraire de Paris-Match est venue en tant qu'auteur présenter et dédicacer un ouvrage de photographies dont elle a signé les textes. Publié aux éditions Le Cherche midi, le livre a pour titre "François Hollande Président" et sous-titre "400 jours dans les coulisses d'une victoire". La 4ème de couverture rédigée par la 1ère dame de France donne le ton, non sans rappeler l'art des métamorphoses d'Ovide ou de Kafka : "Au fil des jours, on suit la mue d'un homme qui, progressivement, se glisse dans la peau d'un futur président de la République."
 

 
Entre deux signatures, Valérie Trierweiler se confie avec charme et sourire aux micros et caméras des journalistes. Clignements d'yeux bleus république, enivrants tel un papillon battant ses ailes parées de poussière de diamants, cils éblouissants de nacre socialiste^©, mascara L'Oréal^© Brillantissime^TM – Parce que chers français vous le valez bien : «C'est vrai que c'est un petit peu étrange, c'est la première fois que je viens en Corrèze sans lui. Mais je trouve que les Corréziens sont extrêmement chaleureux. Il y a du monde, donc voilà, je suis ravie d'être là et lui regrette beaucoup de ne pas l'être.» Prolongeant sa réflexion sur l'être-là et le non-être-ici, sur celle qui y est et celui qui n'y est pas, elle poursuit : «Il faut se rendre compte de ce que François Hollande représente pour eux. Je suis en quelque sorte 'un ersatz' de François Hollande, aujourd'hui sans lui je ne serais rien.» Si le rien est un moment de la dialectique de l'être et du non-être, le succédané ou pâle substitut, l'ersatz, lui, est-il un Witz ?
 

10 août 2011, 11h30. "Enfin, les vacances ! Enfin, illusion de vacances. Chez des amis à Hossegor, nous réussissons à sauver une heure ou deux par jour. François est en permanence en ligne. Crise oblige. C'est le signe de sa détermination et de sa concentration. Il ne décroche pas. Sauf le téléphone !"  (photo : Stéphane Ruet - texte : Valérie Trierweiler - extrait de "François Hollande Président")
 

Comme le dit si bien Valérie Trierweiler, il faut se rendre compte de ce que l'actuel président de la République représente pour les Corréziens. Député de la 1ère circonscription du département de 1997 à 2012, président du conseil général de 2008 à 2012 et maire de Tulle, préfecture, de 2001 à 2008, François Hollande n'est pas seulement un président "gentil" ou un gentil président, d'après Psychologies Magazine et Michel Sapin, son Ministre du Travail, de l'Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social. Et le ministre de continuer : «Gentil, c'est une qualité. D'ailleurs, ce prix a été décerné par un magazine qui s'appelle "Psychologies Magazine" qui fait de la journée d'aujourd'hui, la journée de la gentillesse et de la bienveillance. Si "Psychologies Magazine" dit cela, c'est qu'il pense que c'est plutôt une qualité. (...) donc François Hollande a une vraie gentillesse.» (France 2, 12 novembre 2012)
 
Tel Louis XV et Charles VI de France, tous deux surnommés "le Bien-Aimé", tel Philippe III de Bourgogne, dit "Philippe le Bon" et René d'Anjou, dit "le Bon Roi René", François Hollande, président de la République française, est lui aussi apprécié non plus de ses sujets et sujettes... mais citoyens et sans-culottes. Face à pareil amour et gentillesse, les mauvais sondages ne sont que peu de chose, quelques gouttes de médisance et désespoir dans un océan de félicité dont les vagues azuréennes certes se brisent sur des rivages en crise, mais néanmoins remplis d'espérance.
 

Louis XV âgé de 5 ans sur le trône de France et François Hollande âgé de 6 ans à la plage - détail de Louis XV en costume de sacre par Hyacinthe Rigaud, 1715
 
Appliquant la méthode paranoïaque-critique de Salvador Dali qui considérait la gare de Perpignan comme le centre du monde, François Hollande, le bon président bien-aimé, pareil au chantre du surréalisme publicitaire, pourrait lui aussi chanter l'ode à la gare de Tulle dont les tullistes et tulloises lui sont si redevables : "C'est toujours à la gare de Tulle [...] que me viennent les idées les plus géniales de ma vie. [...] L'arrivée à la gare de Tulle est l'occasion d'une véritable éjaculation mentale qui atteint alors sa plus grande et sublime hauteur spéculative. [...] Eh bien, j'ai eu à la gare de Tulle une espèce d'extase cosmogonique plus forte que les précédentes. J'ai eu une vision exacte de la constitution de l'univers. L'univers, qui est l'une des choses les plus limitées qui existe, serait, toutes proportions gardées, semblable par sa structure à la gare de Tulle."
 

Gare ferroviaire de Tulle par Babsy